Un contexte tendu
Suite à des déclarations récentes d’Antoine Dupont, demi de mêlée du XV de France, et de l’acteur Jean Dujardin, le magazine « Valeurs Actuelles » a tenu à répondre. Les propos tenus par ces deux personnalités ont suscité de vives réactions, notamment sur les réseaux sociaux.
La réponse de Valeurs Actuelles
Le magazine a choisi de s’exprimer sur son site officiel ainsi que sur Twitter.
À Jean Dujardin et Antoine Dupont, lettre d’un amoureux éconduit. pic.twitter.com/VEoTJjJigQ
— Tugdual Denis (@TugdualDenis) September 16, 2023
Réponse de Valeurs Actuelles
Le magazine a publié une lettre ouverte sur son site officiel et sur Twitter. Dans cette lettre, le magazine exprime son affection pour les deux personnalités et explique pourquoi ils ont été mis en Une de leur magazine. Ils mentionnent également leur admiration pour les réalisations professionnelles de Dupont et Dujardin.
Jean Dujardin avait précédemment écrit sur Instagram :
« La France rugby oui, vos valeurs non. Pas de récupération. Merci. »
Antoine Dupont avait partagé ce message et avait même pris soin d’effacer le nom du magazine de l’image.
Le détail du communiqué sur Twitter (X)
La situation met en lumière la tension entre les personnalités publiques et les médias concernant l’utilisation de leur image. Antoine Dupont et Jean Dujardin ont exprimé leur mécontentement quant à la manière dont ils ont été représentés par le magazine. En réponse, « Valeurs Actuelles » a tenté de clarifier ses intentions et d’exprimer son admiration pour les deux hommes. Cet échange public pourrait avoir des implications sur la perception du public vis-à-vis des déclarations initiales des deux personnalités.
Il est essentiel de noter que les athlètes et les célébrités ont le droit d’exprimer leurs opinions, tout comme les médias ont le droit de publier du contenu. Cependant, la communication ouverte et respectueuse est cruciale pour éviter les malentendus.
« VALEURS
Messieurs,
permettez-nous cette lettre pour vous dire à quel point nous vous aimons tous les deux. Vous avez manifesté publiquement votre réprobation à vous retrouver en Une de notre magazine cette semaine, où vous nous représentions sous le titre « La France rugby ».
Sur Instagram, Jean Dujardin, vous avez écrit tard vendredi soir, alors que la semaine de labeur touchait à sa fin pour laisser au week-end le soin d’alléger le temps, « La France rugby oui, vos valeurs non. Pas de récupération. Merci. » Votre ami Antoine Dupont a reposté votre message, car il était d’accord avec vous. Il a même pris soin d’effacer le nom de notre journal présent sur la Une, comme on cacherait un visage disgracieux. C’est dur. Et l’on n’ose imaginer que vous ayez besoin de mordre avec les loups, afin de demeurer dans un hypothétique camp du bien.
Mais nous vous aimions avant, nous vous aimerons après. Car nous vous aimons pour ce que vous faites, et ce que vous êtes.
Nous vous aimons sans savoir pour qui vous votez. Nous vous aimons sans nous préoccuper de votre éventuelle religion ou de votre couleur de peau. Nous vous aimons sans savoir si vous nous appréciez (maintenant nous savons). Nous vous aimons parce que vous dégagez.
chacun à votre manière, une part du génie de notre pays. Nous avons ri devant Chouchou et Loulou, frissonné devant The artist, souffert pour vous dans La French, et nous trouvons le troisième degré d’OSS 117 absolument délicieux.
Nous avons eu la chair de poule, Antoine, quand vous avez joué votre premier match de Top 14 sous le maillot de Castres à 17 ans, avec ce visage d’enfant résolu à rentrer dans la vie. Nous avons été fiers quand vous avez été sacré meilleur joueur du monde, nous trouvons que vous faites un excellent capitaine; peu bavard certes, mais exemplaire.
Nous vous avons mis à la Une de notre journal car nous cherchons des modèles, et à fuir, autant que nécessaire, la complainte. Parce que nous voulons croire à la sentence de Sylvain Tesson (désolé de vous aimer aussi cher Sylvain) qui voit en la France un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer. L’enfer existe, mais on imagine le paradis peuplé de gens comme vous.
Jean, vous a été scout et gardez un grand souvenir de votre service militaire. Nous gardons un grand souvenir de nos années de scoutisme, et regrettons d’être né trop tard pour pouvoir servir la France un an durant, entouré de gens que nous n’aurions sans doute jamais croisés auparavant.
Antoine, avec votre famille, vous élevez des porcs de Bigorre, et nous ne sommes jamais restés insensibles, lors de nos visites en pays béarnais, au spectacle de la chaîne des Pyrénées qui cadre l’horizon dans ce mélange de magnificence et de rassurance.
Antoine, vous avez appelé à faire barrage à Marine Le Pen, quand vous, Jean, vous êtes abstenu de toute consigne, arguant que ce choix prononce relevait de la vie privée.
Quels que soient vos points communs ou divergences, il se trouve que tous deux parlez bien de votre pays, lorsque l’on vous interroge sur ce vaste sujet. Souffrez que nous l’apprécions.
Nous vous avons mis à la Une car le rugby dépasse ce sport aux règles incompréhensibles pour tangenter les rivages d’un art de vivre. Et nous vous avons mis à la Une pour dire que nous vous soutenions, à notre humble mesure, après les critiques reçues au sujet de la cérémonie d’ouverture. Nous n’avons pas d’expertise scénographique particulière, mais nous avons décelé ça et là, dans cette foire que l’on nomme débat public, la mauvaise foi de ceux qui veulent tout détruire, les procès d’intention de ceux qui sans cesse condamnent au nom de leur nouvelle morale. Nous ne souscrivons pas aux anathèmes paresseux sur « la France rance ». Comme vous, nous affirmons que la France est notamment « le pays du béret, de la gastronomie, de la culture, et de l’éducation ».
Vous évoquez le mot récupération. Parce que nous sommes (et resterons) génétiquement un journal de droite conservatrice ? On ne penserait jamais, croyez-nous, au mot récupération si nous voyions vos visages à la Une de Libération, de l’Humanité, ou de l’Obs. Parce que chacun a le droit de vous aimer, que chaque journal est libre de ses publications.
Parce que nous avons publié un témoignage de Stanislas Rigault, proche d’Eric Zemmour ? Son texte était aussi sincère que ceux, dans ces mêmes pages, de votre ami Patrick Sébastien, de l’ancien sélectionneur et ministre de Nicolas Sarkozy Bernard Laporte, de l’ancien ministre d’Emmanuel Macron Jean-Baptiste Djebbari, ou du si attachant Max Guazzini. Nous avions aussi sollicité, figurez-vous, le maire Rassemblement national de Perpignan Louis Aliot, mais il n’a pas eu le temps. Ainsi que le Répubicain du Lot Aurélien Pradié et l’Insoumis
Alexis Corbière, mais ils n’ont pas répondu.
Cher Antoine, cher Jean, nous continuerons à regarder vos matches. vos films, à lire vos interviews. Nous continuerons à parler de vous, à nos lecteurs qui ne demandent que cela.
L’amour ne calcule pas. Nous voilà amoureux éconduits. Avec des sentiments dont nous ne voulons pas guérir. Pourquoi, en effet, se refuser ce délice d’aimer ?
Tugdual Denis
Directeur de la rédaction de Valeurs actuelles »
La lettre de « Valeurs Actuelles » est signée par Tugdual Denis, le directeur de la rédaction du magazine.
Crédit Photo : Tweet de @Tugdual Denis