Dans le milieu sportif, s’il est un sujet qui dérange et interpelle, c’est bien celui de la conduite hors terrain des athlètes. Alors, comment réagir lorsque nous apprenons que Zakaria El Fakir, pilier du Biarritz Olympique, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour des violences conjugales répétées entre 2016 et juillet 2023 ? La sentence fut prononcée lors d’une audience au tribunal de Bayonne le 29 février, révélant ainsi les ombres d’un sport souvent placé sous le signe du fair-play.
Des faits accablants
Les faits rapportés sont d’une gravité qui ne peut laisser indifférent : des coups, des violences sexuelles, et une emprise, à la fois psychologique et financière, sur son épouse de 27 ans. On imagine aisément la détresse de cette dernière, surtout lorsqu’on considère la stature imposante du joueur, âgé de seulement 26 ans.
« On imagine ce que cela peut donner, vu votre corpulence »
Nadine Regereau
Soulignait Nadine Regereau, la présidente de l’audience, faisant référence aux gifles portées à la jeune femme.
« Traumatisme psychologique. » Ces mots, lus par la présidente d’audience et décelés par le médecin, ne font qu’ajouter à notre consternation. Dix jours d’incapacité ont été reconnus sur l’un des épisodes de violence, un bilan qui ne saisit que partiellement le désarroi d’une vie bouleversée par l’agressivité d’un conjoint.
« Des violences psychologiques, physiques et sexuelles ont détruit une partie de sa personnalité »
Nadine Regereau
A-t-elle ajouté.
Malgré ces allégations, Zakaria El Fakir est resté de marbre, niant en bloc ces accusations qu’il qualifie de simples désaccords de couple. Face à la cour, il a admis deux bousculades sans gravité, d’après ses dires, invoquant même une forme de consentement de la part de sa femme en ce qui concerne la gestion économique du foyer.
Une défense fragilisée par l’accusation
Le parquet, lui, ne s’est pas laissé convaincre par ces explications. Pour la procureure, Stéphanie Veyssire, les actes et l’attitude de Zakaria El Fakir indiquent un :
« état de soumission qui dure depuis sept ans et demi. »
Stéphanie Veyssire
Elle a mis en lumière la spirale de l’isolement subie par l’épouse, contrainte de quitter son travail et de s’éloigner de son cercle familial et amical.
Du côté de la défense, on plaide la relaxe, insistant sur l’absence de preuves matérielles concrètes telles que des certificats médicaux ou des images des violences supposées. L’avocat Olivier Couleau a même argumenté sur la base de la complexité des relations conjugales, décrivant les événements comme étant liés à un « mauvais divorce » qui, paradoxalement, ne se conclura pas puisque la femme du joueur est revenue vivre avec lui.
Le rugby doit-il s’interroger sur ses valeurs ?
Cette affaire, loin d’être un cas isolé dans le monde du sport, nous pousse à questionner la manière dont les institutions sportives gèrent de telles situations. Le rugby, en particulier, avec son image de sport de « gentlemen », se retrouve confronté à un dilemme de taille : comment prôner des valeurs de respect et d’intégrité lorsque l’un des siens trébuche hors des terrains ?
Zakaria El Fakir a donc été condamné et devra suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Si le monde du rugby peut espérer se relever de ce sombre épisode, c’est en soutenant fermement les victimes et en œuvrant sans relâche pour que ces comportements ne restent pas sans conséquences, ni sur, ni hors du terrain. Et vous, qu’en pensez-vous ? La justice a-t-elle été rendue ? La sanction est-elle proportionnée à l’acte ? C’est là un débat qui se poursuivra bien au-delà des frontières du terrain de rugby.
Photo: Icon Sport