Top 14 : Le palmarès évocateur des centres de formation, entre excellence toulousaine et déception toulonnaise

Paul Costes
Posté par Bruno Ibanez le 6 février 2024

Qui forme l’avenir du rugby français ? C’est la question à laquelle la Ligue Nationale de Rugby tente de répondre chaque année avec son classement des centres de formation du Top 14. Et si l’excellence avait un nom, elle résonnerait probablement comme « Stade Toulousain ».

Une nouvelle fois, la cuvée 2022-2023 voit le club haut-garonnais trôner sur le sommet de cette liste valorisante. Mais qu’est-ce qui justifie une telle suprématie ? La recette toulousaine mêle habilement performance sportive et succès scolaire, deux dimensions évaluées méticuleusement par la LNR (50% le temps de jeu, 30% les contrats pros signés et 20% les sélections).

Mais ça ne s’arrête pas là ! La Ligue scrute aussi les diplômes obtenus (60%), le niveau de la formation (20%) et les objectifs pédagogiques atteints (20%). Ces critères, selon la LNR, ont permis au Stade Toulousain d’émerger une fois de plus à la première place.

Bordeaux grimpe, Toulon à la traine

Ne serait-ce pas le doux parfum de la progression qui flotte dans l’air bordelais ? C’est du moins ce que laisse supposer la montée de l’Union Bordeaux-Bègles à la deuxième place du podium, peut-être portée par les éclats de Louis Bielle-Biarrey et Nicolas Depoortere.

Quant à Lyon, il vient compléter ce trio de tête avec mérite. Pau, tombé du 9e au 15e rang, et surtout Toulon, bon dernier, doivent quant à eux se résoudre à un constat amer. Parlons-en, du cas toulonnais. Le contraste est saisissant entre l’image d’un club jadis dominant et cette 14e place qui pointe du doigt des failles dans le processus de formation. Quels enseignements les Rouge et Noir tireront-ils de ce « bonnet d’âne » rugbystique ?

« Formé à Béziers », gage de qualité

Et puisque l’examen ne concerne pas que l’élite, un œil sur la Pro D2 nous révèle que le centre de formation de l’AS Béziers se distingue en s’octroyant la médaille d’or du deuxième échelon national. Suivent Aurillac et Biarritz, qui, en dépit de difficultés sportives, parvient à s’arroger la troisième marche de ce podium particulier. Soyaux Angoulême et Montauban ferment la marche, tandis que les promus et relégués sont, pour cette fois, pardonnés.

Que nous enseigne ce panorama des centres de formation ? Que le rugby français, attaché à ses racines formatrices, continue de porter un intérêt soutenu à la préparation de ses futurs talents. Car si la victoire est l’affaire du présent, la continuité compétitive, elle, s’écrit dès l’école de rugby. Oui, l’empreinte laissée par les centres de formation se révèle bien plus indélébile que le simple résultat d’un match.

En conclusion, à l’heure des bilans, il y aura ceux qui savoureront une méthodologie gagnante, et ceux qui, face au tableau noir, auront des devoirs de vacances à revoir. Mais si l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde, alors le Stade Toulousain et ses émules sont sans doute en train de dessiner les contours d’un rugby français prometteur, tandis que Toulon se prépare, espérons-le, à revisiter sa copie.

 

Photo : Icon Sport