C’est une mesure radicale que prend la fédération anglaise de rugby (RFU) pour contrer l’exode impressionnant de ses joueurs outre-Manche en vue de rejoindre le Top 14 français. La RFU joue désormais la carte de la séduction économique avec la création de cinquante contrats fédéraux. Mais ce nouveau filet pourra-t-il vraiment retenir les talents anglais?
Une réaction à la fuite des talents
Le rugby anglais est en pleine tourmente, avec une vague de départs prestigieux tels que Jack Willis, Joe Marchant et le duo frère Sam et Joe Simmonds, sans oublier Kyle Sinckler et Lewis Ludlam, récemment signés au RCT. La RFU a donc élaboré un plan d’urgence baptisé « anti-exode« , aboutissant à deux catégories de contrats: « EPS » et « renforcé », d’une durée variable et dotés d’un salaire attrayant. De quoi convaincre les acteurs du XV de la Rose de rester fidèles au Royaume-Uni?
Un changement de paradigme dans les primes
Le système de primes pour chaque match international, évalué à 27 000 euros, va disparaître au profit de ces nouveaux contrats, pouvant atteindre les 173 000 euros par saison. Des noms comme Jamie George et Maro Itoje ont déjà acquiescé à l’appel de la RFU. Face à eux, Henry Arundell constitue la figure rebelle, ayant opté pour un prolongement avec le Racing 92 plutôt que d’embrasser le contrat « renforcé » proposé.
L’ambivalence face au choix d’Arundell
La démarche de Henry Arundell, qui a choisi de briller sous le soleil français plutôt que sous les projecteurs de la Premiership, a suscité de nombreuses réactions, notamment de Conor O’Shea. Celui-ci, actuel directeur de la performance de la RFU, souligne le respect dû à la décision du joueur tout en exprimant clairement l’objectif de la fédération: garder les meilleurs joueurs dans le championnat national.
Mais, est-ce vraiment la fin du tunnel pour la RFU?
Si les intentions sont claires, de nombreuses interrogations demeurent. Les nouveaux contrats suffiront-ils à improviser un barrage efficace face à la vague d’attrait du Top 14? La RFU pourra-t-elle finalement décider de proposer plus de 25 contrats « renforcés » si les fonds le permettent? Et au final, les joueurs anglais seront-ils séduits par la sécurité financière au détriment d’une expérience à l’étranger?
La RFU fait le pari audacieux de réinventer son approche contractuelle, espérant insuffler une loyauté renforcée chez ses joueurs et leur donner des raisons de rester. Cependant, seul le temps révélera si cette stratégie portera ses fruits ou si elle se heurtera à l’implacable loi du marché. L’Angleterre a lancé son coup de dès; les rebondissements de cette partie stratégique restent à être observés avec la plus grande attention.
Photo : Icon Sport