D.R.
Comme à son habitude, Mourad Boudjellal est sur le point de finaliser la signature d’un joueur à l’écho retentissant sur la scène internationale : Ma’a Nonu. Le trois-quarts centre néo-zélandais devrat rejoindre le Rugby Club Toulonnais en 2015, après la Coupe du Monde. Mais cette arrivée peut-elle réellement amener un plus sur le plan sportif à l’équipe varoise, ou constitue-t-elle avant tout un formidable coup marketing ?
Il est vrai que la question mérite d’être posée. Nonu, malgré son impressionnant CV, sur lequel sont inscrits un titre de Champion du Monde en 2011, 93 sélections chez les Blacks (pour 24 essais) et 145 rencontres de Super Rugby, aura 34 ans en 2015, et débarquera en cours de saison sur la Rade, une Coupe du Monde dans les jambes. Pas de quoi faciliter son adaptation au sein d’un effectif rodé. Il devra également faire face aux cadences infernales imposées par le Top 14 et la Coupe d’Europe, lui qui n’a disputé seulement qu’un peu plus de dix matchs de championnat par saison en moyenne depuis 2002.
De plus, si les performances en équipe nationale du natif de Wellington sont incroyables, il n’en est pas toujours de même quand il enfile la tunique d’une province. Rappelons-nous qu’il fut viré des Hurricanes en 2011, en conflit ouvert avec son coach Mark Hamett, et qu’il a quitté un an plus tard une équipe des Bulls alors à la dérive, le tout quelques semaines après son arrivée, ne respectant pas son contrat. Enfin, sa complémentarité avec Mathieu Bastareaud, homme de base de Bernard Laporte, ne saute pas aux yeux. Dès lors, parce qu’il rappellera aux supporters son illustre compatriote Tana Umaga, point d’ancrage du renouveau toulonnais, qu’il en impose médiatiquement, et qu’il incarne le mythe All-Black, on est en droit d’imaginer que sa signature permettra avant tout de gonfler le chiffre d’affaires des boutiques du RCT et susciter un engouement toujours plus grand.
Mais réduire Ma’a Nonu à l’aspect commercial serait une erreur, car ce joueur est unique. Loin d’être le bulldozer auquel on le réduit parfois, Nonu dispose d’un arsenal impressionnant. Surpuissance, certes, mais aussi vitesse, jeu au pied (au ras ou par-dessus), passe longue, passe après contact, grosse défense, il peut être associé à n’importe qui. Sans oublier qu’il aura probablement mis un terme à sa carrière internationale en octobre prochain, et pourra se consacrer à son nouveau club. Pas du luxe quand Mermoz et Bastareaud manqueront à l’appel en raison des rencontres avec les Bleus, surtout si Rudi Wulf quitte Toulon en juin. Enfin, concernant son caractère parfois difficile à gérer, Bernard Laporte en a vu d’autres et devrait tirer le meilleur du néo-zélandais. Un néo-zélandais qui avant toute chose est craint de ses adversaires et impose le respect à ses coéquipiers, de quoi justifier son arrivée.
Plus-value sportive ou coup marketing ? C’est notre débat.