Dans les vestiaires du LOU Rugby, une page se tourne. Loann Goujon met un terme à sa carrière à la fin de cette saison, physiquement diminué et fatigué d’une ambiance qui ne lui correspond plus.
À 35 ans, après 17 sélections sous le maillot tricolore et une carrière honorable, Goujon sort du terrain, le regard empreint de nostalgie.
Engagé avec Lyon depuis 2018, il reproche à l’atmosphère générale du rugby actuel de peser sur son envie de jouer. Ses mots au Progrès sont forts, reflétant le malaise d’un sportif en fin de parcours :
« L’ambiance globale m’a gonflé. »
Loann Goujon
Un dernier match pour la forme, des adieux pour le fond
Ce week-end marque son ultime match, et il n’est pas sans émotion qu’il affrontera le Stade Toulousain. Mais loin de partir sur un coup de tête, Goujon avait cette intuition bien avant le début de la saison.
« Avant même le début de la saison, je savais que c’était la dernière, »
Loann Goujon
Confie-t-il. La décision mûrement réfléchie est là : savoir dire stop quand l’environnement ne correspond plus à ses valeurs d’antan. L’ancien joueur de Clermont, La Rochelle et de l’Union Bordeaux-Bègles se remémore avec un soupçon de regret les changements de son époque :
« Je suis un témoin de l’évolution de mon sport. À mes débuts en pro, il y avait encore un peu d’amateurisme dans l’approche et l’environnement du rugby. Tout était plus léger. »
Loann Goujon
Le clash des générations corrélant à l’amertume
L’écart de génération est palpable et Goujon en est pleinement conscient.
« Je suis parfois en décalage avec la nouvelle génération. On n’a plus les mêmes attentes, »
Loann Goujon
Souligne-t-il. La jeune garde voit désormais dans le rugby un métier dès les bancs de l’école, une vision radicalement opposée à celle de Goujon à ses débuts. La lourdeur de cet écart, cet air « d’ancien temps » comme le véhiculent ses mots, interpelle.
Loin de vouloir incarner l’image du « vieux con« , il constate simplement que la légèreté de l’esprit rugby, centré autour de l’amitié et du plaisir partagé, s’est estompée au fil des années au profit d’une *professionalisation* et d’une compétitivité à outrance.
Saluant une brillante carrière, nul doute que son retrait suscitera des réactions
Le dernier acte de Goujon suscite l’intérêt et la curiosité. Comment le monde du rugby, incluant joueurs actuels, anciennes gloires et amateurs de la discipline, va-t-il réagir à ces propos d’un homme qui a tant donné et finalement désabusé ?
Reste à voir si cet adieu marquera les esprits et influencera peut-être l’approche du rugby professionnel. Une chose est sure, Loann Goujon part en laissant un message, et peut-être, un héritage à méditer. *
Un clap de fin pour Goujon, une page qui se ferme sur un sport en constante évolution, quelquefois au détriment de l’authenticité et des valeurs essentielles qui l’ont forgé.
Photo :Icon Sport