Le vent du Pacifique a soufflé un esprit de renouveau sur le rugby fidjien, porté par un Français loin de ses terres mais près des cœurs.
Franck Boivert, cet homme venu de la Catalogne française a, à force de passion et d’expertise, tissé une toile d’influence qui s’étend désormais jusque dans l’élite du Top 14.
C’est une odyssée humaine et sportive que Boivert a menée, semant les graines d’un rugby effervescent sur les îles de cet archipel enchanteur.
Une vision du rugby qui voyage
C’est en 1988 que l’histoire commence, lorsque Boivert se voit offrir la chance de préparer les Fidji pour une tournée européenne, introduisant des techniques de mêlée qui portent leurs fruits, à l’exception d’un accroc au pays de Galles.
Son retour, sept ans plus tard, marque un tournant : grâce au budget fourni par la France, il instaure un programme d’entraînement révolutionnaire à l’Université du Pacifique Sud.
Cela débouchera sur une rencontre historique à Suva en 1998 où 28 000 spectateurs, dans un stade de 15 000 places, voient le XV de France affronter les Fidjiens dans un match resté dans les annales.
Un travail reconnu mais non sans embûches
Envoyé spécial de l’excellence du rugby à l’international, Boivert devient en 2003 Directeur Technique National des Fidji, formant plus de 600 entraîneurs et insufflant un savoir-faire français à la sauce fidjienne.
Cependant, toutes les fables ne sont pas sans revers. Une affaire de détournement de fonds l’oblige à revoir sa gestion des subventions, toujours au bénéfice du développement du rugby local.
Des pépites du Pacifique façonnées pour le Top 14
Son impact dépasse bientôt les frontières insulaires. Des talents comme Peceli Yato, Peni Ravai ou Alivereti Raka voient le jour sous sa conduite et rivalisent aujourd’hui sur les terrains du championnat français.
La magie Boivert ne s’arrête pas à la formation ; elle culmine dans un partenariat avec l’ASM Clermont pour le transfert des meilleurs éléments fidjiens vers l’Auvergne.
Une collaboration fertile, quoique complexe à gérer, révélant les différences culturelles dans l’approche du jeu.
Un héritage au carrefour des cultures
Après deux décennies, Boivert analyse ce lien particulier entre les rugbymen fidjiens et le jeu à la française. Selon lui, l’entraîneur français, plus détendu et flexible dans sa méthodologie, permet aux joueurs de laisser libre cours à leur initiative.
Cette approche a captivé les Fidjiens, maîtres du jeu spontané et du after-contact, assoiffés de jeu en mouvement.
La route de Boivert est faite de passion et d’engagement, d’histoires de succès teintées d’amertumes administratives. Néanmoins, son nom résonne avec respect dans les stades où se joue la rondeur d’un ballon pas comme les autres.
Si la tête d’entraîneur de la sélection nationale lui a échappé, son aura, elle, est indélébile. Franck Boivert incarne cette épopée du rugby fidjien qui, loin de se limiter à un terrain de jeu, est devenue un échange culturel et une communion entre deux nations amoureuses de ce sport.
Photo : Icon Sport