D.R.
René Bouscatel avait prévenu, le Stade toulousain n’hésiterait plus à faire venir de grandes stars étrangères pour lutter avec les effectifs pléthoriques de Toulon, Clermont, ou du Racing.
Outre la prolongation de son ouvreur néo-zélandais Luke McAlister jusqu’en 2015, le quadruple champion d’Europe a ainsi réalisé un gros coup sur le marché des transferts. Le demi d’ouverture anglais Toby Flood (28 ans, 1,87m, 95 kg) s’est en effet engagé pour les trois prochaines saisons.
Mais l’actuel maitre à jouer du Leicester (depuis 2008) fait-il le bon choix en rejoignant Toulouse ? A priori, ce choix semble risqué, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, l’annonce de sa signature est donc intervenue quelques jours seulement après l’officialisation de la prolongation de contrat de McAlister. Hors, ce dernier est incontournable au poste de 10. Le All Black a déjà marqué 500 points en Top 14 sous le maillot toulousain en 53 matchs, et fut le joueur clé des grandes rencontres, notamment lors des phases finales 2012. Flood risque donc de ne pas être le premier choix, sachant qu’il lui faudra probablement un certain temps d’adaptation, lui qui a toujours évolué en Angleterre. De plus, il ratera surement la Coupe du Monde sur ses terres, le sélectionneur anglais Stuart Lancaster ayant insisté sur le fait qu’il n’appellerait pas des joueurs évoluant à l’étranger. Cependant, à 28 ans, l’occasion est offerte au joueur formé à Newcastle de relancer une carrière légèrement, malgré les titres remportés, sur la pente descendante. La forte concurrence au Stade va lui permettre de se remettre en question et constituera une nouvelle expérience. Sa polyvalence (il peut également jouer centre, à l’instar de McAlister) et sa régularité au pied joueront probablement en sa faveur.
Le temps de jeu, en 10 ou en 12, devrait être au rendez-vous, sachant que Toulouse joue sur les deux tableaux, H-Cup et Top 14, et peut être victime de blessures, en témoigne la saison en cours. Quant à sa carrière internationale, Flood risque de rater un évènement majeur, chez lui, mais il ne rentre de toute façon plus dans les plans du sélectionneur, qui lui préfère Owen Farell. Le choix entre disputer des miettes d’une Coupe du Monde et évoluer dans le meilleur championnat de la planète est finalement moins difficile qu’il n’y parait. Si cette décision de rejoindre la France peut sembler surprenante en terme de timing (prolongation de McAlister, Coupe du Monde en perspective), elle parait nécessaire. Son audace devrait permettre à Flood de franchir un nouveau palier. Quant au Top 14, s’il perdra Johnny Wilkinson à la fin de la saison, il accueillera sans doute son meilleur disciple…
Thomas Michel