Dans le rugueux monde du rugby, parler de faiblesse mentale est souvent perçu comme un tabou. Cependant, sous la houlette de l’association NéoHéros et de la Ligue Nationale de Rugby (LNR), les mentalités évoluent.
La démarche entamée depuis le début de la saison poursuit un objectif clair : sensibiliser et prévenir les problématiques liées à la santé mentale des joueurs professionnels.
L’ancien rugbyman Raphaël Poulain, l’un des fondateurs de NéoHéros, est désormais un fervent défenseur de cette cause, ayant lui-même connu les tourments liés à la gloire et à sa chute.
Avec son équipe, il visite actuellement les clubs professionnels de Top 14 et de Pro D2, afin de partager son expérience et encourager un dialogue ouvert sur des sujets sensibles.
Une initiative bien accueillie
Le programme, qui touche aussi les centres de formation, s’articule autant sur l’échange que sur des outils plus interactifs, tels que l’utilisation métaphorique de cartons jaunes et rouges, simulant des situations nécessitant une prise de conscience et prévention des dérives.
Les premiers retours de cette tournée sont très positifs, avec un accueil favorable du message et une adhésion sincère aux problématiques abordées.
Des témoignages de joueurs, souvent livrés en toute confidentialité, suggèrent un réel besoin de discussion sur ces enjeux, longtemps restés dans l’ombre.
Un partenariat stratégique entre la LNR et NéoHéros
Ce n’est pas uniquement dans la réaction que la LNR et NéoHéros souhaitent se positionner, mais dans l’action préventive.
Un protocole en 6 phases a d’ailleurs été élaboré, bien avant les secousses médiatiques récentes, pour structurer cette lutte contre les maux psychologiques qui peuvent affecter les joueurs avant, pendant, et après leur carrière.
Une progression nécessaire
Malgré les progrès, l’ampleur de la tâche reste conséquente. La prise de parole demeure difficile dans un milieu où l’image virile et forte du rugbyman prévaut.
Raphaël Poulain, par son vécu et son engagement, prône une approche humaine et responsable pour faire face aux nombreux fléaux, comme les addictions ou encore la prévention du suicide.
La question de la santé mentale dans le rugby professionnel est loin d’être anecdotique. Le combat de NéoHéros et de la LNR sert non seulement de catalyseur pour la conversation, mais aussi pour l’action concrète.
Les « petits papiers bleus » recueillant les impressions des joueurs à l’issue des séances témoignent d’un changement de paradigme : parler de sa santé mentale n’est plus un signe de faiblesse, mais un acte de courage et de prévention indispensable.
L’heure est à l’ouverture, et chaque porte entrouverte est une victoire dans ce long combat pour le bien-être mental dans le rugby.
Photo: Icon Sport