Le feuilleton judiciaire autour de Bernard Laporte, figure emblématique du rugby français, vient de connaître un épilogue surprenant. Après des mois d’investigations et d’accusations, l’enquête visant l’ancien sélectionneur national et président de la Fédération française de rugby (FFR) pour blanchiment de fraude fiscale aggravée a été classée sans suite le 21 mars dernier.
Cette décision intervient « pour absence d’infraction« , a indiqué le parquet national financier (PNF), confirmant une information initialement révélée par Franceinfo.
Le contexte de l’enquête et les protagonistes impliqués
L’histoire, digne d’un scénario de polar, remonte au 21 septembre 2020, date à laquelle l’enquête préliminaire a été lancée à la suite d’un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l’Économie.
Les projecteurs se sont braqués sur une opération financière impliquant l’ancien capitaine du XV de France, Jean-Pierre Rives, qui est entré par société interposée au capital de la société exploitant le casino de Saint-Julien-en-Genevois en Haute-Savoie, aux côtés de Bernard Laporte et de l’ancien international Denis Charvet.
Absence d’infraction et répercussions médiatiques
Les soupçons tournaient autour d’un prêt de trois millions d’euros effectué en 2010, permettant l’entrée au capital de cette société et non déclaré initialement à l’administration fiscale. Cependant, le retournement de situation s’est produit lorsque Jean-Pierre Rives a régularisé sa situation en mars 2023, en faisant une déclaration de donation et en s’acquittant des droits correspondants.
La lumière est finalement faite sur cette affaire qui a longtemps alimenté les colonnes des médias sportifs et judiciaires. La défense, menée par Me Fanny Colin, l’avocate de Bernard Laporte, a exprimé sa satisfaction face à ce dénouement, soulignant l’importance du respect du secret de l’enquête et le caractère injustifié de la garde à vue médiatisée de son client.
Ce dernier, ainsi que Mohed Altrad, ont d’ailleurs été condamnés séparément fin 2022 pour un pacte de corruption lié au parrainage du maillot du XV de France, une affaire pour laquelle ils ont fait appel.
Échos et conséquences dans le monde du rugby
Cette situation judiciaire a eu lieu en toile de fond d’une période complexe pour la FFR, marquée par un scrutin sur la gouvernance où le candidat soutenu par Laporte, Patrick Buisson, n’a pas été retenu. Le non à la nomination de Buisson lors du référendum illustre les tensions et les enjeux de pouvoir au sein de l’institution rugbystique.
À présent, avec cette enquête classée, Bernard Laporte et les autres acteurs peuvent espérer tourner la page de ce chapitre tumultueux. Le monde du rugby, toujours prompt à se relever, continue son chemin avec, en perspective, les compétitions et les défis sportifs à venir.
Photo: Hugo Pfeiffer/Icon Sport