Mais que se passe-t-il pour que le rugby, ce sport de gentlemen, devienne l’arène d’une passe d’armes verbale aussi cinglante ?
N’y a-t-il donc plus de « third half » conviviale et respectueuse ? Laissez-moi vous narrer cette joute oratoire entre deux figures du Top 14 : Christophe Urios, manager de l’ASM Clermont, et Gregory Patat, son homologue de l’Aviron Bayonnais.
Des mots qui frappent comme un plaquage offensif
C’est lors d’une conférence de presse après la défaite de Clermont face à Bayonne que Patat jette l’huile sur le feu :
« Cheikh n’était pas voulu à Clermont. Ce soir, je pense que les Clermontois doivent le regretter ».
Gregory Patat
Ces mots, au sortir d’une victoire où Tiberghien s’est illustré, ont-ils été prononcés à dessein pour titiller les Auvergnats ? Comment Urios, maître de la répartie, a-t-il riposté à ce qu’il semble considérer comme de la provocation ?
« Moi, quand je construis un effectif avec le club, la chose la plus importante est la mentalité du joueur »,
Christophe Urios
A justifié Urios avec la rigueur qu’on lui connaît. Pour lui, aucun doute, ce sont les valeurs et l’unité de l’équipe qui priment, et non un éventuel regret de n’avoir pas su retenir Tiberghien.
« Je n’ai pas de leçons à recevoir de Gregory Patat et le club n’en a pas à recevoir de Bayonne, »
Christophe Urios
Assène-t-il avec force. Que s’est-il donc passé pour que les mots dépassent, selon certains, l’esprit du sport ?
Le contexte a-t-il échauffé les esprits ?
Sommes-nous face à un simple malentendu ou à une querelle d’ego entre deux personnalités fortes ? Il est vrai que la pression est palpable dans ce championnat où chaque point, chaque action peuvent peser dans la balance.
Urios rappelle au passage la victoire écrasante de Clermont sur Bayonne l’an dernier :
« Quand ils sont venus ici, je les ai moins entendus claironner ».
Christophe Urios
Faut-il y voir une pointe d’orgueil ou une mise au point légitime sur le respect mutuel entre clubs ? On peut se demander si cette altercation médiatique n’est pas symptomatique d’une pression de plus en plus forte dans le milieu rugbystique, où le respect et l’humilité peinent parfois à rester sur le devant de la scène. Urios, connu pour son franc-parler et son exigence, semble cette fois touché dans son amour-propre :
« Je voudrais que chacun s’occupe bien de ce qu’il se passe dans son club. Nous n’avons de leçons à recevoir de personne ! »
Christophe Urios
Quelle issue pour ce clash des titans ?
La question demeure : ce coup de gueule entraînera-t-il une suite, ou restera-t-il comme un éclat passager dans la longue saison du Top 14 ?
S’il y a bien un enseignement à tirer de cet incident, c’est que dans l’arène du rugby français, les mots peuvent parfois être aussi tranchants que les crampons sur le pré vert.
Un petit rappel peut-être que, sous les maillots des gladiateurs, battent des cœurs humains, vibrants d’émotions et parfois même d’un orgueil teinté d’humilité. Sauront-ils mettre de côté ce différend pour se concentrer sur l’essentiel : le ballon ovale ?
Photo: Icon sport